L’ABUS FINANCIER DES AÎNÉS ET LES RÉSIDENCES POUR PERSONNES ÂGÉES

Lorsqu’il y a maltraitance ou abus envers une personne âgée, on songe rarement en premier lieu aux abus financiers…

Et pourtant le phénomène est de plus en plus documenté, comme en témoigne la parution récente d’un ouvrage sur la question (1). Le titre de cet ouvrage parle de lui-même : « L’exploitation financière des personnes âgées. Prévention, résolution et sanction ». Il est paru à la suite d’un colloque sur le sujet qui a été organisé en 2013.

Cet ouvrage, évidemment, mérite d’être lu dans son ensemble. Mais nous allons quant à nous parler du premier texte de ce livre, qui est un « état des connaissances» (2).

Dimension culturelle de l’abus financier

D’entrée de jeu, les auteurs font remarquer que l’abus financier est un phénomène difficile à circonscrire car l’abus est un fait culturel :

« Toute forme de maltraitance se pose dans un contexte culturel donné qui fait en sorte que les aînés, leurs proches et mêmes les intervenants ne la conceptualisent pas nécessairement de la même façon. L’abus financier n’échappe pas à cette nuance » (2)(p.24).

Les propriétaires de résidences d’aînés devront donc développer leur capacité d’analyse s’ils hébergent des personnes provenant de diverses cultures…

Mais voici quelques comportements «typiques» que l’on doit pouvoir retracer en cas d’abus financiers:

« Plusieurs types de comportements ou de crimes s’inscrivent dans la catégorie générique de la maltraitance matérielle ou financière tels que le fait d’encaisser des chèques sans l’autorisation de la personne aînée, d’imiter sa signature, d’exercer des pressions ou de l’influencer pour qu’elle signe des documents, de lui voler ou d’utiliser de façon inappropriée son argent ou ses biens sans son consentement, d’usurper son identité afin d’obtenir certains privilèges ou gains, ainsi que de se servir de façon inapproprié de tout mode de gestion du patrimoine d’autrui» (p.24)

Voilà pour un survol des types d’abus financiers. Certains chercheurs ont même tenté de hiérarchiser les différents types d’abus…
Mais une fois l’abus découvert… que se passe-t-il?

Les faits

Un passage tiré du texte nous semble bien résumer la problématique:

« Si la personne âgée ne reconnait pas l’abus il est possible de croire qu’elle aura de la difficulté à acquiescer aux interventions proposées. L’intervenant qui fait face à cette situation devra donc d’abord se pencher sur les raisons de cette non-reconnaissance avant de proposer des actions visant à faire cesser l’abus. Par la suite, si la personne aînée ne présente pas d’atteintes sur le plan cognitif, les interventions viseront à augmenter son autonomie et son pouvoir d’agir, communément nommés Empowerment, afin qu’elle puisse elle-même mettre un terme à la situation de maltraitance et prévenir les récidives. Pour les personnes âgées ayant des atteintes cognitives ou pour celles dont les sommes subtilisées sont importantes, les interventions à préconiser sont plutôt juridiques (…) » (2)(pp.95-96)

On voit que l’abus financiers implique un grand nombre d’aspects.

D’une part, la fragilité (réelle ou potentielle) des personnes âgées est mise en évidence. Et il y a de fait des théoriciens qui tentent de définir la vulnérabilité sociale en tenant compte par exemple de la santé physique, du fonctionnement social et cognitif de la personne âgée (p.27)

D’autre part, on sent dans le texte cité plus haut, la présence de l’abuseur, comme un fantôme malveillant, même si on n’en parle pas…

Car là où il y a un abusé, il y a évidemment un abuseur. Certains chercheurs parlent de « dyade ». Et pour le cas des abus financiers, des chercheurs ont découvert qu’il y avait deux types d’exploitation : il y a l’exploitation financière uniquement et l’exploitation « croisée » qui s’accompagne de violences physiques et ou de négligences (p. 31-32).

Le premier type touche la plupart du temps des personnes âgées seules, sans enfants, tandis que le second type est souvent le fait d’une relation problématique entre un personne aînée et son enfant. Des chercheurs ont d’ailleurs tenté d’expliquer cette relation problématique. Nous vous invitons à lire le texte pour plus de détails…

Le phénomène est complexe et les intervenants doivent donc avoir accès à une information pertinente, et des chercheurs ont donc développé divers programmes de formation, qui s’adressent aux personnes âgées et d’autres qui sont offertes aux intervenants.

La nécessité d’un travail d’équipe

Mais l’un des leitmotivs du texte que nous commentons ici est la nécessité de travailler en équipe, tant sur le plan de la prévention que des interventions « après coup ». Une section de ce texte est d’ailleurs consacrée aux équipes multidisciplinaires spécialisées dans les situations de maltraitance matérielle ou financière (1) (pp. 99-104). De quoi est constituée une équipe multidisciplinaire?

« Les professionnels qui y sont les plus fréquemment réunis sont ceux du système de la justice, des forces de l’ordre, des services de santé, des institutions financières, des services sociaux et des services de protection des personnes adultes » (pp. 101-102)

Et les résidences de personnes âgées dans tout ça? On voit qu’il ne s’agit pas de repérer le problème pour le régler. Les résidences pour personnes âgées sont donc aux premières loges pour la prévention et le repérage de tels abus, si les personnes qui y travaillent ont une formation de base en la matière.

Mais les RPA ne peuvent être les seules responsables. Le phénomène de l’abus financier à l’égard des personnes âgées exige, comme on l’a vu, une équipe multidisciplinaire, composée entre autre de travailleurs sociaux et d’avocats… C’est un phénomène social qui doit être abordé par la société.

Nous vous invitons à consulter ce livre pour plus de détails…

(1) CRÊTE, Raymonde, TCHOTOURIAN, Ivan et Marie Beaulieu (ed.), L’exploitation financière des personnes ainées : prévention, résolution et sanction, Éditions Yvon Blais, 2014

(2) BEAULIEU, Marie, LEBOEUF, Roxanne et Raymonde CRÊTE, « La maltraitance matérielle ou financière des personnes âgées : un état des connaissances », dans CRÊTE, Raymonde, TCHOTOURIAN, Ivan et Marie Beaulieu (ed.), L’exploitation financière des personnes ainés : prévention, résolution et sanction, Éditions Yvon Blais, 2014, pp.3-122.

ptBRP

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