LES RÉSIDENTS ABUSÉS OU NÉGLIGÉS: COMMENT LES REPÉRER ET COMMENT LEUR VENIR EN AIDE ?

 Par Johanne Cottenoir

Très récemment, on nous annonçait que le gouvernement du Québec investira 20 millions de dollars au cours des cinq prochaines années pour contrer les abus dont les aînés sont trop souvent les victimes (1). Or ce qui est perçu par les médias comme une innovation majeure cache une réalité qui est bien différente : la recherche sur les abus dont sont victimes les personnes âgées n’a pas attendu cet apport financier pour porter des fruits. Il s’agit en effet d’un domaine qui intéresse depuis longtemps les chercheurs de diverses disciplines, notamment la gérontologie et les sciences sociales (2). Nous sommes donc dès à présent en mesure de repérer les situations d’abus, voire même de venir en aide aux personnes âgées qui ont été abusées. Ainsi, pour que le montant injecté soit bien utilisé, il va sans dire qu’il faut qu’on tienne compte des acquis issus de la recherche, pour ne pas réinventer la roue et pour ainsi utiliser cet argent à bon escient… Et comme les gestionnaires de RPA nous confient très souvent qu’ils sont préoccupés par le bien être de leurs résidents, on peut considérer dès maintenant que repérer les résidents abusés dans les RPA afin de les aider soit l’une des préoccupations majeures à incérer dans leur politique de gestion…

Un problème de société…
Avons-nous à rappeler que jadis les aînés occupaient une place privilégiée dans la société ? Or la société est d’abord un milieu de vie. Maintenant l’on confine les aînés dans des milieux de vie que l’on appelle des « milieux de vie substituts »… La violence envers les personnes âgées est rarement un fait isolé qui survient inopinément. Elle doit être considérée comme un problème de société qui dépend de nos valeurs et de notre mode de vie. L’alcoolisme, la toxicomanie ou le suicide, sont des réponses à ces maux de société, la maladie mentale est souvent un refuge contre ces maux, et la violence envers les personnes âgées est elle-même un échappatoire, l’expression malheureuse d’une maladie sociale existoire. Dans notre société, donc, les RPA ont manifestement un rôle à jouer. Mais comment faire pour qu’une RPA devienne LE milieu de vie des aînés ? Pour un milieu de vie substitut qui exclue les abus, voici quelques propositions, provenant de diverses recherches visant à limiter les abus fais aux personnes âgées.

La peur de vieillir…
Le manque de respect. C’est là que commence toute forme de violence, et c’est le commun dénominateur de toutes les formes de violence. Or le manque de respect pour un aînés résulte bien souvent de la propre peur de vieillir de l’individu qui vit avec cet aînés, dans une société qui semble exclure cet aspect pourtant si naturel de l’existence. Car le vieillissement d’un individu n’est pas en soi quelque chose d’horrifiant. Ce qui est horrifiant, c’est le sort que l’on réserve aux personnes vieillissantes, et donc, avec le temps, à nous-mêmes. Offrir aux aînés la dignité qu’ils méritent, c’est offrir à tout le monde (et donc à nous-mêmes) une dignité que nous méritons. Un manque de compréhension du processus de vieillissement. Si, dans le passé, les gens vivaient plus en proximité avec les personnes âgées, pouvons-nous conclure que dans notre société dite « moderne », nous avons quelque peu oublié ce que c’était que vieillir au point de l’exclure de notre vie ? La peur de vieillir ne résulterait-il pas de L’individualisme et le chacun pour soi qui caractérise la société actuelle ? L’individualisme, en effet, implique cette autonomie qui n’est évidemment pas le fait d’une personne vieillissante qui passe inévitablement de l’état de « semi autonome » à celui de « non autonome ». Bien sûr, dans notre société vieillissante, la notion d’autonomie est essentielle. Mais comment la conjuguer avec celle de relations humaines ? Autrement dit, comment intégrer une personne non autonome et donc fragilisée dans un contexte de relations humaines qui exclue les abus potentiels ? Voilà l’une des questions essentielles que doit se poser le gestionnaire de RPA.

Pourquoi les personnes âgées sont-elles des cibles si attrayantes ?

  • Beaucoup des personnes âgées ne réalisent pas la valeur de leurs actifs (en particulier les maisons).
  • Les personnes âgées sont susceptibles d’avoir des handicaps qui les rendent dépendants des autres pour leur aider. Ces «aides» peuvent avoir accès aux logements et des biens, et peut exercer une influence notable sur la personne âgée.
  • Les personnes âgées reçoivent leurs chèques mensuellement.
  • Les personnes gravement affaiblies sont également moins susceptibles de prendre des mesures contre leurs agresseurs en raison de maladie ou de peur.
  • Les agresseurs peuvent présumer que les personnes âgées ne pourront pas survivre assez longtemps pour donner suite aux interventions juridiques, ou qu’ils ne feront pas témoins convaincants
  • Certaines personnes âgées sont moins informées sur les questions financières.
  • Les progrès technologiques ont rendu la gestion des finances plus compliquées.

Profils de l’abuseur et de l’abusé
Forcément, s’il y a abus, c’est qu’il y a un abuseur bien souvent un membre de la famille, y compris les fils, filles, petits-enfants ou conjoint et un abusé. Lorsque l’on est en mesure de repérer soit l’abuseur soi l’abusé, l’on est donc en mesure de repérer une situation d’abus.

Profil de l’abuseur

  • La faiblesse de caractère et le manque de confiance en soi.
  • Les problèmes d’alcoolisme et de toxicomanie.
  • La provenance d’un milieu familial ayant des antécédents violents.
  • Les problèmes de santé mentales, la schizophrénie, les tendances psyco-maniaco-dépressives…
  • La frustration reliée à une éducation déficiente et au manque de reconnaissance sociale.
  • Certaines personnes âgées sont moins informées sur les questions financières.
  • Les problèmes de personnalité, comme un tempérament colérique, l’intolérance ou le manque de patience…
  • La dépendance, le ressentiment ou les sentiments d’infériorité, de rancœur ou de rancune envers la victime. D’où les tentatives de manipulations, de ruse, pouvant aller jusqu’aux gestes violents.
  • La cupidité, ou l’appât du gain facile.
  • Stand d’hériter et de se sentir justifié de prendre ce qu’ils croient est « presque » ou « légitimement » leur héritage.
  • Déprécier la victime des propos qui dévalorise la personne âgée.
  • Un manque de compréhension du processus de vieillissement.
  • L’incompréhension et la jalousie.
  • Les pulsions sexuelles incontrôlées.

Les grands traits du profil de l’abuseur ne constituent qu’une partie du portrait d’ensemble qu’il faut élaborer dans la perspective d’une relation d’aide. Il n’est pas moins utile de dégager les caractéristiques dominantes de la personne abusée.

Profil de l’abusé

  • Une femme âgée mère au foyer et dépendante du conjoint la plus grande partie de sa vie, puis dépendante de ses enfants
  • Victime des stéréotypes sociaux et peu instruite.
  • Insécure. Elle ne veut pas déranger, elle a peur de déplaire.
  • Elle se sent vieille, impuissante et n’a plus envie de combattre, même pour se défendre.
  • La famille est importante au niveau de ses valeurs, elle s’y accroche et ne veut pas diviser les membres de sa famille.
  • Au plan physique (ou même parfois au plan mental…perte de mémoire, elle est moins autonome, peut avoir des problèmes de mobilité, d’incontinence, et se sent coupable d’être devenue un fardeau pour ses enfants ou ceux qui s’en occupent.

Les aidants et les proches

Vos résidents ont généralement des proches qui viennent les visiter. Et ces proches ont aussi une vie qu’ils doivent conjuguer ave celles, bien souvent, d’aidant naturel.

Le conjoint (bien souvent l’aidant naturel) se sent dépassé par les événements, il se retrouve démuni et sans accès à des ressources de l’extérieur.

Une surcharge de travail et de responsabilité. Des parents qui doivent s’occuper de leurs enfants, de leurs parents, et qui ont des emplois stressants et exigeants craquant littéralement sous le poids des responsabilités. Une enfant de soixante-sept ans qui s’occupe d’un parent de quatre-vingt-sept ans est souvent débordée par les événements, épuisée.

Les valeurs culturelles qui font qu’un party du Jour de l’an c’est le « Bye-Bye » plutôt que la parenté…Le rôle des médias dans la perte d’une société conviviale.

L’isolement social, la perte des amies, le changement de milieu. Le manque de stabilité sociale et l’insécurité qui en découlent et la précarité de la situation des aînés

La frustration qui résulte de la fragmentation des familles. Les gendres, les brus et les enfants perdus dans le divorce.

Il y a bien souvent désaccord dans le couple sur la place que peut prendre les aînés dans la maison et dans la famille. Les possibilités de conflits de génération, et les difficultés inhérentes à la famille « élargie » à trois générations.

La fragilisation du résident

À part le vieillissement normal d’un individu, n’avons-nous pas, aussi, à considérer les aspects suivants comme pouvant éventuellement être facteurs d’abus, à savoir : La frustration qui fait suite à une retraite mal préparée. Ennui et désoeuvrement s’exprime progressivement par la cruauté mentale et la violence verbale.

Les difficultés financières

Le manque d’espace, ou des conditions de logement inadéquates. Vivre dans une seule pièce, ne plus avoir son intimité. Le partage de l’espace vital avec de jeunes enfants.

Le milieu familial et social violents prédisposent tout « naturellement » à la violence…Faut-il appeler ça l’éducation ?

On ne pourra jamais revenir dans le temps et empêcher un geste violent qui a été commis. Mais lorsqu’on devient vigilent nous pouvons tous contrer la violence fait à nos aînés (es).

Nos aînés devraient bien avoir le droit ultime de finir leur vie dans le respect et la dignité.

Prévenir les mauvais traitements et la négligence
Afin de vous aider à bien identifier les différents types d’abus, en voici quelques indicateurs

RAPPORT MONDIAL SUR LA VIOLENCE ET LA SANTÉ / Tabeau 5.1 page 17

RÉSIDENCES POUR PERSONNES ÂGÉES À VENDRE – CLIQUER ICI

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