Mais un résident ne se limite pas qu’à son niveau d’autonomie. En effet, pour la gérontologue Michèle Charpentier, il est essentiel de considérer la personne âgée non seulement en fonction de ses limitations mais aussi de ses potentialités. Dans cette optique, il en a résulté le livre Vieillir en milieu d’hébergement. Le regard des aînés, paru aux Presses de l’Université du Québec. Elle résume ainsi sa vision :
« (…), sans nier les fragilités et les contraintes personnelles, sociales et politiques, particulièrement nombreuses en contexte d’hébergement et au grand âge, nous reconnaissons aussi aux résidents le pouvoir de se définir et d’agir, ou de ne pas agir, sur leurs vies et leurs univers, selon leurs perspectives » (CHARPENTIER (2007), pp. 69-70). |
Car, dit la chercheure,
« Traverser sept, huit et même neuf décennies de vie doit sûrement permettre de développer des attitudes, des forces et des potentialités » (Ibid., p. 3) |
L’auteure a donc tenté de cerner ces potentialités qui peuvent s’exprimer dans la vie quotidienne des résidents âgés. Dans cette optique, elle propose 4 profils d’aînés en résidence. Les voici résumés brièvement en un tableau:
La leçon des résidents
La démarche de Michèle Charpentier en est une d’empowerment. Mais qu’est-ce que l’empowerment?
Il s’agit d’un processus par lequel l’individu devient capable d’influencer l’aménagement et le cours de sa vie en prenant les décisions qui les concernent directement ou qui concernent sa communauté (Ibid., p. 35) |
Dès lors, selon nous, le rôle du gestionnaire, n’est pas seulement de mieux sélectionner et contrôler ses employés; c’est aussi de garder à l’esprit que sa clientèle est constituée de personnes fragilisées vivant en promiscuité avec d’autres résidents et les employés, dans un milieu de vie substitut. Malgré la meilleure volonté du monde, les risques d’abus sont réels…
Dans la foulée de la certification qui éveille les consciences, des journalistes en mal de sensation font leurs choux gras de ces histoires d’horreur. La démarche est justifiée, évidemment, puisque ces abus doivent être dénoncés… Mais derrière l’actualité se cache quelque chose de plus profond qu’a bien expliqué, selon nous, Michèle Charpentier :
En fait, écrit-elle, les abus en hébergement sont paradoxaux, puisqu’ils sont perpétrés dans des milieux qui ont pour mission de « prendre soin » des personnes âgées (Ibid., p. 32) |
On sait que de nombreuses résidences sont adéquates. Mais pour celles qui affichent ces histoires d’horreur, il faut se demander qu’est-ce qui, au niveau de la gestion, permet cela?
Pour qu’elle raison la mission n’est pas accomplie?
Dernièrement, a été soulevée la possibilité de vérifier les antécédents judiciaires des employés qu’on embauche, « dans le cadre du resserrement du processus de certification (BOIVIN, 2011). Ajoutez à cela une formation adéquate, qui est essentielle, et vous augmentez effectivement les chances d’avoir des employés compétents qui ne sont pas négligents ou abuseurs.
Mais l’étude de Michèle Charpentier, plus qualitative, offre une vision unique en plongeant dans l’univers de ceux et celles qui y vivent. Elle souligne par exemple que la clientèle très âgée est presque essentiellement féminine. N’est-ce pas un aspect (parmi d’autres) essentiel à considérer si l’on veut favoriser l’empowerment des résident(e)s? Comment ne pas tenir compte de cette réalité et bien d’autres dans les pratiques de gestion?
L’amélioration des méthodes de gestion d’une résidence pour personnes âgées et donc la diminution des risques d’abus passe donc nécessairement par une meilleure compréhension des résidents… Bien sûr, certains d’entre eux ont une capacité de communication limitée. Mais pour ceux et celles qui peuvent parler, la démarche de Michèle Charpentier est positive à plus d’un titre : ces gens ont la possibilité de s’exprimer et, d’une certaine façon, de parler pour ceux et celles qui ne le peuvent plus. Mais ils permettent aussi aux gens qui travaillent à leur bien-être de mieux les connaître… au-delà de la connaissance de leurs niveaux d’autonomie!
REFERENCES
BOIVIN, M. (2011). Résidences privées pour personnes âgées : scruter le passé avant d’embaucher, http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/sante/201102/16/01-4371073-residences-privees-pour-personnes-agees-scruter-le-passe-avant-dembaucher.php
CHARPENTIER, M. (2007), Vieillir en milieu d’hébergement. Le hagard des aînés, Presses de l’Université du Québec.
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