1) La fonction de maintenance : le gérontologue parle ici de « maintenance » et de « praticabilité ». La routine de tous les jours, quoi, dans laquelle on se reconnaît. C’est dans un tel contexte que l’on se sent « à la maison ».
2) La fonction de stimulation : l’environnement, par exemple par le biais des employés, peut stimuler la création de rapports sociaux, les loisirs, etc.…
3) La fonction de support : Cette fonction de l’environnement adapté aux personnes âgées fait référence à sa capacité à compenser la baisse d’autonomie des résidents, comme par exemple les unités prothétiques.
Ce gérontologue est l’un de ceux qui a développé ce que l’on appelle la « gérontologie environnementale » dont les travaux ont porté notamment sur l’environnement de la maison privé, l’environnement planifié et la décision d’aller en résidence (1).
Pourquoi parler des fonctions de base de l’environnement ? Simplement pour illustrer un fait bien connu, à savoir que, dans certains cas, des problèmes d’ordre administratifs ou autres peuvent facilement porter préjudice à ces trois fonctions.
Voici par exemple deux cas très intéressants (et sans doute représentatifs) de plaintes qu’a reçues récemment le Protecteur du citoyen (1) (2). Dans les deux cas, une vieille dame a passé un certain temps à l’hôpital et il a été décidé, compte tenu de l’état de santé de ces dernières, qu’elles ne pourraient plus retourner chez elles. C’est ainsi que dans les deux cas, une intervenante (l’une travaillait pour un CSSS l’autre pour un CLSC) s’est chargée de trouver une résidence qui correspondait aux besoins de la vieille dame dont elle avait la charge.
Or ces deux vieilles dames avaient des moyens modestes si bien qu’on leur a offert une allocation directe provenant du CSSS dans le but de défrayer une partie du loyer. Et dans les deux cas, le montant qui a été fixé au début a été modifié à la baisse. En effet, l’une des vieilles dames s’est vue baisser son allocation
(…) en raison de l’application plus stricte des critères d’attribution : selon la règle, le programme prévoit en effet que l’aide doit servir à payer des services requis par l’état de santé et non la dimension « gîte et couvert ». (1) |
Tandis que pour l’autre, c’est
Lors de la réévaluation de l’autonomie de cette citoyenne, un an plus tard, (que) le CSSS a révisé le montant de l’allocation à la baisse, car les règles avaient été resserrées (2). |
Notons en passant que dans les deux cas, la baisse de l’allocation résulte d’un « resserrement » des règles. Toujours est-il que les conséquences de ces coupures pour ces deux veilles dames étaient importantes : elles devaient quitter la résidence. Si bien que les enfants de ces deux vieilles dames ont porté plainte au Protecteur du citoyen. Dans les deux cas, l’un des points allégués pour soutenir leur plainte étaient précisément que toutes ces histoires allaient occasionner un stress important pour des personnes fragilisées :
À présent, la situation risquait d’occasionner un stress important à une dame âgée alors que celles-ci avaient trouvé l’environnement stimulant et sécuritaire qui lui convenait. (1)
Concernant la mère de la plaignante, il apparaissait clairement qu’un changement de milieu de vie allait constituer un bris de continuité de services pouvant nuire à sa santé et à sa qualité de vie. (2) |
Du coup, on voit que de tels bouleversements dans la vie de ces deux personnes vivant déjà dans une résidence pour personnes âgées rendent difficile la mise en place des fonctions de l’environnement décrites plus haut…
De plus, outre le resserrement des règles, qui ne furent pas à l’avantage des deux vielles dames, on peut noter que les plaintes qui ont été faites par leurs enfants au Protecteur du citoyen portent toutes les deux en partie sur un manque d’information :
Le fils a fait valoir au Protecteur du citoyen que c’était précisément sur la recommandation de l’intervenant du CSSS que sa mère avait opté pour la ressource d’hébergement en question après que cette intervenante l’eût inscrite au programme d’allocation. Il n’avait jamais été question que l’aide soit temporaire. (1)
(…) au moment du transfert de l’usagère du centre hospitalier de la résidence, la citoyenne et sa mère n’avaient pas eu accès à toutes les informations nécessaires pour faire un choix éclairé. Elles ne connaissaient pas l’existence de ressources intermédiaires d’hébergement public, n’avaient pas eu d’explication concernant la base du calcul de l’allocation financière, et elles ne savaient pas que celle-ci pouvait être temporaire ou modifiée (2) |
Si vous lisez ces deux documents, vous constaterez que ces histoires se sont terminées à l’avantage des deux vieilles dames qui ont pu rester dans leur résidence… Et on peut supposer sans trop de risque de se tromper que ces cas ne sont pas isolés…
Ce que nous voulons noter ici c’est que ce n’est pas la première fois que des propriétaires nous racontent des cas de ce genre. Ce qu’ils tentent de rappeler aux autorités, c’est que, pour les cas où un ou un(e) résident(e) aurait besoin d’une telle allocation pour pouvoir vivre dans leur résidence, il est moins dispendieux d’héberger une personne dans une résidence privée pour personnes âgées que dans un CHSLD. Ils se demandent donc pourquoi les allocations ne sont pas offertes plus souvent pour les personnes âgées qui résident dans une résidence privée.
Et cette remarque nous semble d’autant plus justifiée que le Protecteur du citoyen lui-même a noté que de nombreuses personnes résidant dans un CHSLD présentent un niveau d’autonomie qui, en principe, justifierait un hébergement ailleurs que dans un CHSLD, soit dans un endroit accueillant des personnes en moins lourde perte d’autonomie (4). Et si l’on se tourne du côté des hôpitaux qui, comme on le sait, accueillent un grand nombre de personnes âgées qui devraient en principe vivre dans un endroit mieux adapté à leurs besoins, il est intéressant de noter que c’est précisément afin de désengorger les hôpitaux que certaines personnes âgées se sont vues offrir l’allocation directe pour aller vivre dans une résidence privée :
En 2010, dans un contexte d’engorgement des urgences et de rareté des ressources intermédiaires en hébergement, certains CSSS ont décidé d’intensifier un volet du programme d’allocation directe afin de permettre à des usagers incapables de retourner vivre à domicile de s’installer dans une ressources privée certifiée dotée des services requis par leur état de santé (2) |
Mais on est en droit de se demander à quoi sert cette initiative (tant pour ces résidents que pour le système de santé dans son ensemble) si ces personnes voient par la suite baisser leur allocation suite à une application plus stricte des critères d’attribution et à la réévaluation de leur niveau d’autonomie…
Ainsi, comme le disent plusieurs propriétaires de résidence d’aînés, le programme d’allocation directe devrait être développé de façon à favoriser l’accès des personnes qui, selon leurs besoins, auraient tout intérêt à aller vivre dans une RPA plutôt que partout ailleurs…
Il serait bon que des histoires comme celles-ci soient recueillies, afin d’en faire un bilan qui permettrait d’améliorer le programme. Et pour ce faire, encore une fois, les gestionnaires de résidence pour aînés, qui ont connu des résidents qui ont vécu la même histoire, devraient donner leur avis.
REFERENCES
(1) Voir WAHL, Hans-Werner et Gerald D. WEISMAN, « Environnemental Gerontology at the Beginning of the New Millenium : Reflections on Its Historicial, Empirical, and Theoretical Development », The Gerontologist, Vol. 43, No.5, pp. 616-627.
(2) Le Protecteur du citoyen, « Surprise: coupure d’allocation! »,
http://www.protecteurducitoyen.qc.ca/dossiers-et-documentation/les-capsules-du-protecteur-du-citoyen/capsules-du-mois/index.html?tx_ttnews%5Btt_news%5D=1422&cHash=2785debc8d6be1e3ff3d19cf60c852a9
(3) Le Protecteur du citoyen, « Respecter les ententes prises avec les usagers »,
http://www.protecteurducitoyen.qc.ca/dossiers-et-documentation/conclusions-denquete/detail/index.html?no_cache=1&tx_ttnews%5Btt_news%5D=1533&cHash=271e11d733e7124dd0adc4b4af0349e3
(4) Protecteur du citoyen, Chez soi : toujours le premier choix ? L’accessibilité aux services de soutien à domicile pour les personnes présentant une incapacité significative et persistante, Québec, 30 mars 2012.
http://www.protecteurducitoyen.qc.ca/fileadmin/medias/pdf/rapports_speciaux/2012-03-30_Accessibilite_Soutien_domicile.pdf
RÉSIDENCES POUR PERSONNES ÂGÉES À VENDRE – CLIQUER ICI
ptBRP 67.1