Si l’on se rappelle que plus une personne prend de l’âge, plus elle est susceptible de rencontrer divers problèmes de santé tant sur le plan mental que physique, il est évident que dans le cadre du vieillissement de la population, les méthodes d’évaluation seront d’autant plus essentielles pour diriger les individus vers le bon endroit.
Ce problème a récemment été révélé dans le Rapport 2011-2012 du Protecteur du citoyen (1). Et force est de constater que le travail du Protecteur n’a pas uniquement l’intérêt de « protéger » les citoyens. Il nous semble important aussi parce qu’il révèle certaines carences de notre système de santé qui devront définitivement être étudiées. Et l’un des problèmes que révèle ce rapport concerne précisément l’évaluation des personnes âgées, tant lorsque vient le temps d’évaluer leur besoins à domicile (ce qui a bien sûr un impact au niveau de l’allocation à laquelle elles ont droit) que lorsqu’elles sont en plus grande perte d’autonomie et qu’il faut songer à l’hébergement…
À domicile : outils informatiques versus jugement professionnel
Concernant les soins à domicile, nous avons déjà relaté deux histoires de résidentes qui ont vu baisser leurs allocations suite à une réévaluation de leur état (2). Dans un autre cas, il semble que cette situation résulte de l’utilisation de la grille iso-smaf
C’est en raison de ce modèle d’évaluation et de son application informatique que cette dame reçoit dorénavant deux heures de services de moins par semaine (3) |
Dans un autre rapport qui a été médiatisé, et intitulé « Chez soi : encore le premier choix ? », le problème de la grille iso-smaf, selon le protecteur, est explicité avec plus de détails :
Une légère erreur dans la cotation d’un besoin peut entraîner des résultats biaisés. Par ailleurs, il faut s’assurer que cet outil de mesure n’utilise pas une moyenne, car les personnes qui ont un résultat dans la zone supérieure de la moyenne (les cas les plus lourds) sont toujours défavorisées. Finalement, il fait donc se rappeler que les outils informatiques, aussi performants soient-ils, ne remplaceront jamais le jugement professionnels (4) |
Il n’est donc pas suffisant de posséder un instrument informatique performant pour s’assurer d’un calcul juste des allocations. Visiblement, s’assurer de la formation adéquate des utilisateurs et de leur professionnalisme semble être, de l’avis du Protecteur, importante voire même essentielle, puisque les gens ne sont pas infaillibles et les systèmes informatiques ne sont pas omniscients.
Dans les CHSLD : problèmes de mixité de la clientèle
Un autre problème soulevé par le Protecteur du citoyen nous semble provenir, du moins en partie, d’un problème d’évaluation des personnes âgées. Il s’agit de la mixité de la clientèle dans les CHSLD qui est due, entre autre à un « mauvais pairage entre les services offerts et le profil des résidents (processus d’admission à revoir) (1) (p. 129).
La mixité de la clientèle peut occasionner de sérieux problèmes. Le Protecteur rappelle le cas de cette dame qui vivant dans un CHSLD est décédée après avoir été agressée à plusieurs reprises par deux autres résidents. Il rappelle les problèmes qui peuvent survenir dans des unités prothétiques lorsque, précisément, diverses personnes qui ne devraient pas se côtoyer vivent néanmoins dans le même milieu :
Les personnes qui présentent des troubles de comportement sont souvent déplacées de l’unité régulière d’hébergement et regroupées dans une autre unité désignée comme « prothétique » ou « spécifique » : celle-ci est destinée aux personnes qui présentent des déficits cognitifs. Or s’y trouvent aussi des résidents atteints de formes de démences incompatibles, ce qui accentue les risques d’altercations, de chutes et d’agressions physiques. On fait, par exemple, cohabiter des personnes comportant des problèmes d’errance invasive avec des personnes particulièrement agressives. La sécurité des résidents et du personnel peut alors être compromise (…) (1) (p. 128) |
Des cas semblables ne se retrouvent évidemment pas uniquement dans les unités prothétiques. Les gestionnaires de résidences d’aînés connaissent aussi des situations de ce genre forcés d’héberger des personnes qui devraient se retrouver ailleurs, mais, faute de places…
Ainsi, dans un contexte de vieillissement de la population, la question d’une évaluation efficace tant pour le cas des services à domicile que plus tard, dans le cadre du processus d’admission en CHSLD nous semble devoir être à l’ordre du jour. Et à ce sujet, la question des outils informatiques à utiliser tout autant que la question des compétences que doivent avoir ceux et celles qui les utilisent sont des aspects essentiels de la réflexion à poursuivre. Et les remarques provenant du Protecteur du citoyen soulignent (et rappellent) en outre que les travailleurs de la santé eux-mêmes peuvent être victimes d’une mauvaise évaluation des résidents dont ils ont la charge, et ces remarques, notons-le en passant, sont faites dans un contexte où les employés font de plus en plus entendre leurs voix…
REFERENCES
(1) Protecteur du citoyen, Rapport annuel 2011-2012, (section concernant le ministère des la Santé et des Services sociaux et son réseau de services)
http://www.protecteurducitoyen.qc.ca/fileadmin/medias/pdf/rapports_annuels/2011-12/10_RA__2011-12_SSS.pdf
(2) Voir BRP 67 : « Les vertus de l’allocation directe pour certains résidents de RPA »
http://www.richardperreault.ca/brp/67Web.html
(3) AQRP, Soins à domicile : la Protectrice du citoyen questionne l’outil du ministre Hébert.
http://aqrp.qc.ca/nouvelles/soins-a-domicile-la-protectrice-du-citoyen-questionne-l-outil-d-evaluation-du-ministre-hebert-359
(4) Rapport d’enquête du Protecteur du citoyen. Chez soi : toujours le premier choix? L’accessibilité aux services de soutien à domicile pour les personnes présentant une incapacité significative et persistante, Québec, 30 mars 2012.
http://www.protecteurducitoyen.qc.ca/fileadmin/medias/pdf/rapports_speciaux/2012-03-30_Accessibilite_Soutien_domicile.pdf
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