Nous avons à quelques reprises noté (et déploré) le peu de recherches scientifiques qui sont entreprises dans le but de mieux comprendre le monde des résidences privées pour personnes âgées. Et de fait, avouons que les résidences pour personnes âgées sont, dans l’ ensemble, encore peu connues.
Aussi, nous saluons toutes les tentatives qui visent à pallier ces lacunes, dont celle qui fait l’objet de cet article. Les résultats de cette recherche ont paru dans un ouvrage tout récent intitulé : « Vieillissement et enjeux d’aménagement » (1). Si cet ouvrage ne parle évidemment pas que de résidences privées, un chapitre très intéressant y est consacré. Or l’une des observations des auteurs confirment nos propres impressions :
Lentement mais sûrement, les résidences privées sont donc devenues un acteur incontournable dans le paysage du logement spécialisé pour aînés. Dans ce contexte, il est surprenant de constater le faible nombre de travaux scientifiques réalisés à ce jour sur ce type de logement, compte tenu de l’importance des besoins résidentiels à combler et du niveau des attentes à l’égard des résidences avec services dans le contexte social, économique et politique du Québec d’aujourd’hui (2) (pp. 70-71). |
De quoi est-il question dans cette recherche? Selon nous, elle revient à des principes très simples pour les gens qui sont impliqués de près ou de loin dans le milieu mais en les abordant en profondeur. On y voit en effet une réflexion sur :
1. La résidence elle-même, car les auteurs proposent une typologie des résidences privées ;
2. Le milieu où se trouve la résidence est aussi évalué en fonction des besoins des aînés.
Les auteurs proposent donc une typologie des résidences d’aînés. Et cette typologie nous semble d’autant plus la bienvenue que la définition même des résidences d’aînés, selon la définition usuelle provenant des soins et des services sociaux, masque une réalité beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît en lisant la définition. Et nous pourrions ajouter que le problème d’une définition restrictive a sans doute augmenté car depuis la parution du livre, la définition de résidences privées contenue dans la Loi semble s’être restreinte encore plus (3)
Les auteurs, pour leur part, proposent pourtant pas moins de 8 types de résidences d’aînés se trouvant dans la région de Montréal. Notons en passant qu’ils intègrent dans leur typologie les organismes à but non lucratifs.
Mais il est évident, selon les auteurs, que Montréal n’est pas pourvue partout de lieux propices à l’accueil de personnes âgées. Pour être en mesure d’évaluer ces diverses parties de Montréal en fonction des besoins particuliers des aînés, ils ont donc « coté » ces diverses régions en fonction de trois types d’environnement que les recherches de gérontologie sociale ont révélé comme étant essentiels pour le bien-être des personnes âgées : ce sont les environnements social et physique et « le paysage de services et d’équipement » (2) (p. 71).
L’intérêt de cette recherche est donc multiple : en ciblant sur une carte les divers types de RPA qu’ils ont découverts, en tentant de coter les diverses régions de Montréal en fonction de leurs aspects plus ou moins favorables à l’égard des besoins des aînés, et en combinant le contenu des deux cartes sur une troisième, les chercheurs en viennent à un portrait saisissant des résidences privées pour aînés de Montréal.
Mais où se trouvent ces résidences pour personnes âgées dans la région de Montréal ? Les auteurs ont remarqué, avec surprise, d’ailleurs, que les divers types de résidences qu’ils ont découverts sont répartis également un peu partout dans la région. Ce qui veut dire évidemment dans des milieux qui ne sont pas tous adaptés.
Ce qui nous amène à une conclusion qui peut sembler évidente, mais qui, lorsqu’elle provient d’une recherche de données pointues qui permet de l’appuyer, lui donne une force particulière :
Dans leur choix de résidence, les aînés, comme la majorité des ménages montréalais, doivent donc faire des compromis sur certaines dimensions et décider quels aspects ils vont prioriser. Est-ce la présence de commerces et de services de proximité, ou d’un environnement physique attrayant ou encore un milieu social jugé favorable ? Ces compromis sont toutefois plus lourds de conséquences pour les aînés que pour les 18-64 ans, car les premiers sont beaucoup moins mobiles (2) (p. 90). |
En conclusion, le domaine de l’habitation pour aînés s’étant développé grandement, les données sont accessibles et elles permettent, lorsqu’elles sont colligées et croisées adéquatement, de pousser plus à fond la connaissance de ces types d’hébergement. Ce qui, nous semble essentiel lorsque vient le temps, par exemple, d’offrir de l’aide, financière ou autre, à cette ressource indispensable que sont les résidences pour personnes âgées…
Évidemment, il ne s’agissait ici que de résumer brièvement les résultats de cette recherche dans le but de montrer ses potentialités. Car de telles recherches nous semblent non seulement apporter des lumières sur le milieu des résidences pour aînés ; elle propose aussi, selon nous, une méthodologie pour les recherches futures…
REFERENCES
(1) NEGRON-POBLETTE, Paula et Anne-Marie SÉGUIN (dir.), Vieillissement et enjeux d’aménagement. Regards à différentes échelles, Presses de l’Université du Québec, 2012.
(2) CLICHE, Laurence, SÉGUIN, Anne-Marie et Philippe APPARICIO, « Qualité de l’environnement urbain autour des résidences privées pour personnes âgées à Montréal », in NEGRON-POBLETTE, Paula et Anne-Marie SÉGUIN (dir.), Vieillissement et enjeux d’aménagement. Regards à différentes échelles, Presses de l’Université du Québec, 2012. Chapitre 4, pp. 67-98.
(3) Voir « Vers une nouvelle définition d’une résidence d’aînés selon la loi ? », BRP 70.
http://www.richardperreault.ca/brp/70Web.html
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ptBRP 71.2