Comment classifier les soins à prodiguer aux usagers?
Récemment, l’Association des ressources intermédiaires d’hébergement du Québec (ARIHQ), a présenté son « Avis sur l’instrument de détermination et de classification des services de soutien et d’assistance » (1). L’instrument en question sert à déterminer les services à offrir à un usager donné, selon ses besoins(2).
Or l’avis dénonce
((…) l’inadéquation entre l’intensité réelle des services rendus et l’évaluation qu’en fait l’instrument » (2)(p.3). |
L’intérêt de ce texte est qu’il appuie son argumentation sur de nombreux exemples concrets.
Par exemple, les termes et expressions « accompagnement », « répondre aux besoins », « entretenir le milieu de vie », « aider», etc., qui sont utilisés pour décrire les tâches à effectuer, peuvent cacher une réalité qui prend tout son sens non pas sur le papier mais sur le terrain : accompagner une personne qui a des problèmes de santé multiples peut exiger du temps et des efforts qui ne sont pas nécessairement pris en compte lorsque vient le temps d’évaluer la rétribution.
Il en est de même d’un patient qui n’a pas de problèmes physiques mais qui, en revanche, a un comportement violent : il peut déchirer ses vêtements, abîmer l’équipement ou être dangereux pour lui ou les autres. Mais cette réalité est rarement ou insuffisamment prise en compte lors d’une évaluation, comme si les limitations physiques étaient les seuls critères à considérer.
Comment une telle situation (et les exemples ne manquent pas) ne pourrait-elle pas influer sur le bien-être voire les performances des employés?
Pour conjuguer performance et bien-être…
Durant un des colloques annuels organisés il y a quelques années par l’ARHIQ, l’un des conférenciers invités était Jacques Forest, professeur au département d’organisation et des ressources humaines à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. Il réfléchissait sur la conciliation possible entre le bien-être au travail et les obligations de performance (2).
Laissons la parole au conférencier :
La seule boussole sur laquelle se fier pour orienter nos efforts consiste à se questionner : est-ce que cela a un aspect positif sur l’autonomie, la compétence et l’affiliation sociale? Ces trois besoins doivent demeurer la cible (2)(p.45). |
Le conférencier décrit bien sûr ces trois « besoins psychologiques innés et universels à satisfaire pour augmenter le fonctionnement optimal » (1) (p.44). Mais il ajoute aussi que « (…) l’épuisement se présente systématiquement lorsque les demandes excèdent les ressources » (2) (p.46).
Ce qui nous ramène à l’ « Avis » dont nous parlions plus haut. L’ARIHQ, déplore la « pénalisation de la performance », un phénomène qui se décrit comme suit :
La logique de rétribution selon l’intensité des services comporte un point aveugle en rétribuant à la baisse une ressource qui offre un ensemble cohérent de services, inspirés des bonnes pratiques et ayant des effets positifs auprès des résidents (1)(p.8) |
C’est dire qu’une RI qui performe bien se voit baisser son niveau de service et donc sa rétribution! Et les conséquences sont évidemment fâcheuses, car,
Même lorsque les services diminuent, la ressource ne peut diminuer le nombre de ses employés, au risque de compromettre la stabilité du milieu de vie. Les services requis étant d’intensité variable, ils peuvent augmenter rapidement. (1)(p.8) |
Ce qui fait que, selon l’ARIHQ, diminuer les rétributions, c’est aller à l’encontre de la direction souhaitée. C’est nier qu’une organisation, pour rester performante, a besoin de maintenir les ressources en place…
Ainsi, si la conciliation de la performance et du bien-être des employés passe par l’autonomie, la compétence et l’affiliation sociale, peut-être que l’une des façons de promouvoir ces trois besoins psychologiques fondamentaux passe, au moins en partie, par l’élaboration d’une grille qui tienne compte de la réalité des employés de RI : bien rétribuer les travaux à effectuer et ne pas diminuer la rétribution lorsque tout va bien…
ptBRP 80.3
(1) ARIHQ, Avis sur l’instrument de détermination et de classification des services de soutien et d’assistance, Août 2014.
http://www.arihq.com/default.aspx?page=4&NewsId=207
(2) Gouvernement du Québec, Règlement sur la classification des services offerts par une ressource intermédiaire et une ressource de type familial
http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=3&file=/S_4_2/S4_2R3_1.HTM
(3) « Performance et bien-être au travail : les clés d’une conciliation possible », Propos recueillis par Ghislain Labelle, Le Point sur les RI, Été 2013, pp. 44-46.
http://www.arihq.com/default.aspx?page=165
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